Vous voyez en consultation pour la première fois Madame H., âgée de cinquante et un ans, fonctionnaire.
Depuis trois mois, elle se plaint d'une douleur en fin de nuit (à partir de 4 heures du matin), suivie d'une raideur (tous les matins pendant une heure), siégeant principalement aux articulations métatarsophalangiennes, métacarpophalangiennes et interphalangiennes proximales des deux pieds et des deux mains.
À l'interrogatoire, vous ne notez pas d'événement intercurrent ou ayant précédé le début des troubles.
Elle présente pour principaux antécédents une hystérectomie pour fibrome utérin il y a deux ans, un glaucome à angle ouvert, une dilatation des bronches semble-t-il secondaire à une primo-infection tuberculeuse à l'âge de dix ans, un asthme allergique (depuis l'enfance) et une hypertension artérielle traitée depuis cinq ans par irbésartan et hydrochlorothiazide. Elle fume un paquet de cigarettes par jour. Elle n'est pas ménopausée.
Son traitement habituel comprend, outre l'antihypertenseur, du salbutamol en spray à la demande.
L'examen rhumatologique retrouve un gonflement du genou droit, des poignets, des 1re, 2e, 3e, 4e métacarpophalangiennes, et des 2e, 3e, 4e interphalangiennes proximales des deux mains. Les interphalangiennes distales sont discrètement déformées, sans signes inflammatoires locaux, avec une palpation au travers de la peau de tuméfactions osseuses évocatrices d'ostéophytes. Il existe trois petits nodules fermes au bord des 2e, 3e et 4e doigts (fig. 26).
L'examen général met en évidence la présence de crépitants à la base droite.
Elle vous montre un test au latex, demandé par son médecin traitant, positif au 160e, et des radiographies des mains.
Fig. 26
Après traitement par anti-inflammatoire non stéroïdien, Madame H. présente une élévation de la créatinémie à 110 micromoles alors qu'elle était à 80 auparavant.
Grâce à vos conseils, tout se passe bien pendant dix ans sur le plan rénal. Mais vous avez eu du mal à contrôler l'inflammation qui a toujours persisté durant le suivi. Elle développe alors une insuffisance rénale plus franche et, cette fois-ci, compte tenu de la durée de l'inflammation, vous évoquez une amylose.